Edouard
Manet

Edouard Manet, Philip IV, Roi d'Espagne, eau-forte

Philippe IV, Roi d'Espagne, d'après Velasquez

Moreau-Nélaton 6, Guérin 7, Harris 15, Fisher 13, Wilson-Bareau 22


eau-forte, pointe sèche, et aquatinte, 1860 (selon Guérin) ou, plus probablement, 1862, sur vergé de Hollande avec le filigrane de Hallines, le 4
ème état (?)*, avant toutes lettres (la signature et l'adresse), une superbe et rare épreuve d'essai, chargée de barbes sur les touches de pointe sèche (notamment dans les feuillages à l'arrière plan et sur le chien), avant la première édition (Cadart & Chevalier 1862, i.e., le 6ème état avec la lettre), avec de grandes marges, une déchirure diagonale habilement réparée de 50mm dans la marge de gauche vers le haut, loin de la planche, traces de charnières d'un ancien montage sur les bords latéraux au verso, autrement en excellente condition


P. 355x238mm., F. 533x362mm.

Provenance: la collection Henri M. Petiet, avec le timbre HMP au verso (non cité dans Lugt)

En mai 1862, le portrait de Philippe IV en Chasseur, alors attribué à Velasquez, fut acheté par le Louvre. Traduisant l'engouement de Manet pour les thèmes espagnols et notamment les oeuvres de Velasquez et Goya, cette estampe révèle un essai précoce de rendre librement les valeurs de ton, une approche du contour discontinu dans le modelage (notamment dans les jambes), et une projection de la figure unique sur le plan pictural, en contraste d'un fond "impressionniste" dessiné au trait.

Selon Wilson-Bareau, elle est une des ses plus belles estampes ; en outre, c'est l'une des trois eaux-fortes que Manet exposa au Salon des Refusés en 1863, avec Les Petits Cavaliers et Lola de Valence, ce qui démontre sa complète satisfaction de cette oeuvre.


* Cet état est quelque peu problématique. Moreau-Nélaton, qui a jugé bon de collectionner un exemplaire de chacun des cinq états alors connus, n'identifiait que trois états avant la lettre, tandis que Guérin subdivise le 3ème état de son prédécesseur (suivi par les catalogueurs ultérieurs), distinguant un 4ème état avec de nouveaux travaux sur le pied du chien et le sol en dessous, mais après les reprises du 3ème état assombrissant les feuillages et le tronc.

Guérin cependant ne cite aucune épreuve de ce nouvel 3ème état et renvoie seulement à une épreuve vendue en 1933. Si l'on compare son illustration médiocre de cet état avec celles de Harris et Fisher, à savoir l'épreuve de la collection Lucas à Baltimore (et aucun des trois auteurs ne montre le 4ème état!), il ne semble pas qu'il y ait de différences significatives. Mais elles paraissent aussi en concordance avec l'épreuve présentée ici, ainsi qu'avec l'épreuve du "3ème" état de la collection Moreau-Nélaton à la Bibliothèque Nationale (i.e., le 4ème état de Guérin).