Camille
Corot

Camille Corot, Souvenir des Fortifications de Douai, eau-forte
 
P. 160x240mm.
F. 265x396mm.

Souvenir des Fortifications de Douai

Robaut 3134, Delteil 12, Melot 12

eau-forte, circa 1869-70, sur Japon ancien* blanchâtre vergé fin et fibreux, le 1er (et seul) état, une superbe et fraiche épreuve, avec grandes marges, de l'un des rares tirages contemporains avant la seule édition de 1908, imprimé avec ton, assombrissant sélectivement le premier plan et laissant des lumières brillantes, les bords de la planche complétement essuyés, signée et dedicacée au crayon : "en Souvenir du Maître, à mon ami Eugène Ducasse" par Alfred Robaut, et annotée par lui : "Eau-forte de Corot (des dernières années)"; traces de deux charnières verso, autrement en excellente condition

Corot, Souvenir des Fortificaions de Douai, dedicace d'Alfred Robaut

Provenance : la collection Henri M. Petiet, avec le timbre HMP verso (non cité par Lugt), anciennement la collection Eugène Ducasse

 

Camille Corot, Le Dôme Florentin, eau-forte

Le Dôme Florentin

Robaut 3135, Delteil 13, Melot 13

eau-forte, circa 1869-70, sur Japon ancien* blanchâtre vergé fin et fibreux, le 1er état (sur 3), une superbe et fraîche épreuve, avec grandes marges, de l'un des rares tirages contemporains avant la seule édition de 1908, imprimée avec ton, assombrissant sélectivement le premier plan et laissant des lumières brillantes, les bords de la planche completement essuyés, signé et dedicacé au crayon : "en Souvenir du Cher Maître, à mon ami Eug. Ducasse" par Alfred Robaut; quelques légeres rousseurs, essentiellement dans les marges, et traces de deux charnières verso, autrement en excellente conditionDome Florentin, dedicace autographe  d'Alfred Robaut

P. 240x160mm., F. 390x267mm.

Provenance : une collection privée française, anciennement la collection Eugène Ducasse

 

Ces eaux-fortes exquises, les dernières de Corot, comptent aussi parmi ses plus importantes (voir Roger Passeron 1974** qui, en notant l'extrème liberté de ligne, considère le Dôme florentin comme un chef-d'oeuvre). En outre, elles n'ont jamais été editionnées de son vivant, et ainsi de telles épreuves anciennes sont fort exceptionelles, le résultat d'une histoire plutôt curieuse.

Selon Alfred Robaut, ces planches (avec une autre) ont été mises de coté par Corot après avoir achevé les dessins dans le vernis, mais avant morsure, et oubliées pendant quelques années. Elles ont été redecouvertes en hiver 1872 par l'artiste, et données à Robaut, qui relate (dans ses notes inédites, in Delteil):

"Le 6 juin 73 je fais faire chez Salmon l'essai de cette planche et des deux qui suivent. J'en fais tirer de chaque 2 épreuves sur papier à la forme - de hollande - et 5 épreuves sur chine volant. C'est M. Delaunay Alf. qui a fait mordre les planches... Le 14 novembre 73 j'en ai fait tirer chez Cadart 2 épreuves de chaque sur japon."

Dans son catalogue raisonné, le premier dédié à Corot, Robaut accorde à ces estampes une notation "RRR", i.e. extrêmement rare, en spécifiant "quelques épreuves d'essai seulement."  Delteil cependant mentionne une vingtaine d'épreuves tirées entre 1873 et 1890, ce qui suppose peut-être un autre tirage plus tardif, entre la mort de Corot et la vente de la planche en 1908.

Eugène Ducasse fut un élève de Corot, et sa collection des estampes du maître comprenait quelques-unes des plus belles épreuves connues (pour d'autres rares épreuves de cette collection, voir les ventes Ader Picard Tajan à Drouot, 22/2/1984, n° 73, et 26/10/1988, n° 30). Etant donnée la dédicace, il semble évident que les épreuves présentées ici furent offertes à Ducasse par Robaut au moment du décès du maître en 1874, et ainsi correspondent à l'un de ses tirages d'essai faits du vivant de Corot.


* Ce papier est identique à celui de l'une des deux épreuves anciennes du Dôme Florentin qui se trouvent à la Bibliothèque Nationale (de la collection Moreau-Nelaton, et, auparavant, celle d'Alfred Robaut). Parfois identifié à tort comme "chine volant" (cf. le catalogue de la donation Moreau-Nelaton 1991, ainsi que le catalogue de l'exposition Corot de 1931) à cause de sa finesse et de son aspect blanc et mat, il contraste avec le papier japon de la seconde épreuve, celui-ci étant plus fort, d'une couleur jaune crème, et d'un aspect satiné.

Ainsi existent deux variétés de japon, et il paraît invraisemblable que Cadart ait utilisé deux papiers si différents, surtout que les deux épreuves de la BN ne sont pas tirées de la même façon, la première étant plus nette et contrastée, la seconde plus fortement chargée.

En plus, il y a des épreuves anciennes connues de ces estampes tirées sur chine volant même : la seule épreuve à la BN de la première planche de la série (Delteil 11, aussi de la collection Robaut), et les impressions de Delteil 12 et Delteil 13 de la collection Samuel Avery dans la NYPL.

C'est donc spécifiquement difficile d'identifier les épreuves de Cadart. Quelles que soient les conclusions à tirer, il reste que ces épreuves étaient considérées par Robaut lui-même comme des épreuves de choix, comme en temoigne leur présence dans sa propre collection et sa dédicace émouvante à Eugène Ducasse.

 

** Roger Passeron, La Gravure Impressionniste 1974 ; voir aussi le catalogue de l'exposition RMN/BN De Corot aux Impressionistes, donations Moreau-Nélaton, 1991, et le catalogue de l'exposition BN Corot, le Génie du Trait, 1996.