Camille
Corot

Camille Corot, Saltarelle, cliché-verre

F . 223 x 163 mm

Saltarelle

Robaut 3194, Delteil 75, Melot 75

cliché-verre*, 1858, sur papier salé crème, le très rare premier état (sur 2), avant les altérations dans la planche en bas à droite (qui apparaissent dans tous les tirages ultérieurs), une très belle épreuve en bistre, avec de riches contrastes, coupée aux bords du sujet (comme presque toujours), du premier tirage par Charles Desavary; une courte déchirure qui rentre dans la composition en haut à gauche (5mm), montée sur une feuille de vélin, autrement en très bonne condition

Provenance : une collection parisienne privée

Cette belle estampe du style mature de Corot nous montre un paysage italianisant bucolique et verdoyant, animé par une paire de danseurs. Le saltarello (de l'italien saltare, i.e. "sauter") était une danse populaire dans l'Italie du Nord qui date de la Renaissance, mais qui était encore courante à l'epoque de Corot.

Avec un raffinement esquissé, la facture graphique de l'artiste rend le sujet avec un rythme vibrant et un mouvement résonnant qui oscille entre réalisme, classicisme, et romantisme.

Il faudrait noter en outre qu'il n'y avait pas de tirages tardifs de cette oeuvre par Bouasse-Lebel ou Sagot-Le Garrec.


* Techniquemment parlant, le cliché-verre était alors un medium photographique innovateur, inventé par Constant Dutilleux et son gendre, Charles Desavary. Prenant une plaque de verre recouverte d'une couche opaque de collodion, l'artiste y traçait son dessin avec une pointe; l'ayant terminé, il posa la plaque (comme une sorte de négatif) sur une feuille de papier photosensible qui, après exposition sera développée comme une photographie ordinaire. Corot découvrit ce procédé lors d'un voyage à Arras en 1853, et il réalisa plus de 60 clichés-verre pendant une vingtaine d'années.

Cette technique, étant donné les variables que soulèvent la préparation de la feuille, le temps d'exposition, etc., resultait en une variété d'effets qui était bien plus difficile à contrôler que les média de l'estampe plus conventionnels. Et l'on peut même supposer que Corot était intrigué par une telle variété, qui à son tour nourrissait son entreprise créatrice.