Charles
Meryon

Charles Meryon, La Morgue, eau-forte

La Morgue

Delteil 36, Wright 36, Schneiderman 42


eau forte et pointe sèche, 1854, sur vergé fin jaune-crème, avec une partie de filigrane en majuscules romaines (COMP), une très belle épreuve du 4
ème état (sur 7), avant le rajout du titre et d'une autre date*, et avant l'adresse d'A. Delâtre, avec de bonnes marges, de très faibles traces d'oxydation dans les marges et quelques petites épidermures localisées au verso dues à un ancien montage, autrement en excellente condition


P. 230x206mm., S. 318x293mm.

Provenance : la collection de A. F. Lotz-Brissonneau, avec le timbre ALB en bleu au verso (Lugt 83)

La maîtrise de Meryon ici trouve sa pleine expression, les sinistres tourbillons de fumée mis en valeur contre les façades austères en arrière plan du quai, où une tragédie minuscule se déroule : un corps est apporté, une femme avec sa fille recule en horreur, et les gendarmes se mettent en action devant toute une galérie de badauds.

Il faut aussi rappeler que ce sujet hantait Meryon, qui raconta à Baudelaire (lettre de 8 janvier 1860, cité par Delteil), à propos d'Edgar Poe, que La Rue Morgue "contient des allusions à mes propres malheurs".

Avec les premières inscriptions en bas, le 4ème état** est quasiment l'état définitif, et l'épreuve présentée ici est bien essuyée, sans retroussage (l'une des obsessions tardives de l'artiste), montrant de fins détails.


* Le 5ème état comprend le titre et une autre date de 1850 remplaçant les inscriptions précédentes, même si selon Wright cette date correspond vraisemblablement au dessin original, aujourd'hui à la Bibliothèque Nationale, Paris. Il faudrait ajouter que l'épreuve du 4ème état à la Bibliothèque Nationale (Ef 397) portant le timbre du "Dépôt légal" est aussi datée 1854.

** Bien qu'il précède l'adresse de Delâtre, cet état est curieusement celui qui est le plus communément inventorié par Delteil et par Schneiderman, pour ce dernier quelques 50 épreuves en tout: à en juger par leur variété (et en connaissant quelque peu les méthodes de travail du pauvre artiste), elles ne furent pas toutes tirées en une seule fois, ni d'une façon uniforme pour la soi-disant édition que Meryon a publiée lui-même pour la suite Eaux-fortes de Paris.