Marcellin
Desboutin

Marcellin Desboutin, Fumeur au Grand Chapeau, pointe sèche
 

Fumeur au Grand Chapeau

Clément-Janin 71

pointe sèche, 1888, sur vélin crème fort, un état indéterminé et non-décrit (sur 3?), une belle ( et peut-être unique?) épreuve, avec de riches barbes, signée et dedicacée au crayon "à l'ami Desnoyers, Sympathie artistique, M Desboutin" par l'artiste, avec de grandes marges, quelques légères rousseurs localisées, notamment dans une étroite bande traversant le rebord du chapeau jusqu'au front, une faible insolation générale, une courte déchirure (8 mm) au bord inférieur, traces de colle le long des bords au verso d'un ancien montage, autrement en très bonne condition

P. 250x192mm., F. 440x340mm.

Ami intime de Manet et Degas, travaillant souvent à côté de l'un ou de l'autre, Desboutin faisait partie de la première vague de l'impressionisme, ce que Degas appelait alors le "mouvement réaliste" ; résolument engagé, Desboutin assurait un dévouement sans partage à l'observation candide et raffinée dans ses estampes à la pointe sèche, souvent les annotant "directe d'après nature" et les travaillant avec une spontanéité maîtrisée, comme une esquisse. Parmi les plus émouvantes de celles-ci sont des autoportraits, tel celui présenté ici, rappelant ceux de Rembrandt.

Cependant ses estampes n'étaient guère éditionnées, et quasiment jamais aciérées, généralement imprimées en de tout petits tirages de quelques épreuves comme bon lui semblait, et souvent données à ses amis et connaissances. Ses pointes sèches sont ainsi le plus souvent rares : pour cette estampe, Clément-Janin remarque qu'il n'y a qu'une quinzaine d'épreuves connues.

La dédicace est à Fernand Desnoyers, écrivain et critique d'art, un défenseur notoire du "réalisme" et l'auteur de Le Salon des Refusés, Paris, 1863.


* L'Inventaire des Fonds Français cite trois états qui ne sont developpés dans aucun des catalogues connus ; nous avons examiné les trois épreuves à la Bibliothèque Nationale, et bien qu'il semble y avoir au moins deux états (auxquels la présente épreuve ne se conforme pas pleinement), nos conclusions diffèrent: e.g. la très belle épreuve non-signée de la collection Moreau-Nelaton, considérée par Melot 1994 comme un 3ème état, est chargée de barbes, et précède les détails rajoutés, notamment sur le visage et les mains, qui se trouvent à la fois dans l'épreuve présentée ici et les deux autres épreuves à la BN. Voir Michel Melot, L'Estampe Impressionniste, 1994: 131 (malheureusement avec titre, date et dimensions erroneés).

Rappelons ce que Clément-Janin notait si clairement : "Desboutins retouchait presque toujours ses cuivres en cours de tirage et ses corrections incessantes, la plupart du temps légères, n'en constituent pas moins autant d'états". En tout cas la présente épreuve peut être considérée comme une épreuve de choix, rien qu'à cause de la dédicace chaleureuse qu'elle porte.